Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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BESOGNER FEW XVII *sunni
BESOGNER, verbe
 

A. -

A1 humain besogne.

 

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"Se rend utile, déploie de l'activité" : "Biau cousin, vous devez bien avoir besoingniet car vous avez moult longuement demouré." Adont leur recorda-il une partie de son esploit (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 237).

 

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"Traite une affaire" : "En tel estat, il vint à Montpellier et descendi à l'ostel à l'Angele, et dist que c'estoit ung abbé de la haulte Gascoingne qui s'en aloit à Paris pour besongnier." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 26). La contesse de Blois entendi que son signeur de pere estoit en celle cevauchie : si quida trop bien besongnier et que pour l'amour de li, son pere deuist respiter de non ardoir la ville de Guise. Si descendi aval dou chastiel, et vint a la premiere porte ; et fist tant par priieres et par paroles que messires Jehan de Hainnau son pere vint parler a lui (FROISS., Chron. D., p.1400, 327).

 

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"Se bat" : Li François estoient la grant fuisson, et se tout euissent monstré corage et desfense, ensi que li troi chevalier desus nonmet fissent, il euissent espoir mieuls besongniet que il ne fissent. (FROISS., Chron. D., p.1400, 869). Si se departirent un jour tout armé et apresté pour faire leur emprise, et chevauchièrent celle part pour bien besongnier. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 201).

A1 humain besogne à + inf. : Et encore i avoit un autre point pour quoi li dus de Lancastre besongnoit à demorer en Engletière. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 91).

A1 humain besogne à/devers + A2 humain : Et quant on voloit parler à lui ou besoingnier, on le venoit là querre. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 77). Et avint ensi en ce termine que li rois David d'Escoce avoit à besongnier en Engleterre devers le roy. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 91).

B. -

A2 besogne à A1 humain. "Lui est nécessaire"

 

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"Il a besoin de A2 qu'il n'a pas" : ...[se] ceulx-cy vouloient faire droit et raison et compter, on trouveroit or et argent assez plus qu'il n'en besoingne à present pour estoffer les besoingnes d'Angleterre. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 24). ...il ne les avoit de quoy racheter, car les seigneurs n'ont mye toudis argent quant il leur besoingne (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 157). ...li rois de France se tenoit a Pieronne en Vermendois, et donnoient saudees a tous Genevois et Prouvenchiaus arbalestriers ; et qant il estoient paiiet pour trois mois, on les envoioit oultre sus les pasages et frontieres, la ou on supposoit que il besongnoient (FROISS., Chron. D., p.1400, 413). Et la se rafresqirent de tout ce que il lor besongnoit de chevaus, de sellerie, d'armeures et de toutes aultres coses qui apertiennent a gens d'armes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 113).

 

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"A2, qu'il a, lui est utile" : Ce roy, de bonne memoire, en son temps mist grant paine d'acquerir amis à tous lez, et bien luy besoingna à tout le moins, se il ne les povoit acquerre si avant que pour faire armer à l'encontre de ses ennemis, se faisoit-il par dons et par promesses que ilz ne luy vouloient que bien (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 177). "Hiraus, nostre cheval nous besongnent, ce n'est pas tant que à yaus requeste raisonnable." (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 145). Adont fist on cesser l'assaut, et se missent cil qui asailloient, tout hors des fossés ; et, à voir dire, li repos à aucuns besongnoit bien, car il en i avoit grant fuisson de blechiés et de lassés. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 162).

Il lui besogne (de) A2 : Ce jour que je vous ay compté, ilz se sauverent et aussi firent-ilz tous les autres, et bien leur besoingnoit car se ilz eussent esté tenus ne trouvés, sans merchy ilz estoient mort. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 72). ...luy estant en ses grandes fortunes en Angleterre, il se pourvey et fist son attrait grant et fier en Flandres et ailleurs là où il pensoit bient l'argent à retrouver se il luy besoingnoit (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 73). ...ce que il lor besongna tant de monteures que d'abis, il s'en pourveirent a Bruges. (FROISS., Chron. D., p.1400, 238). Nous la venu, je suppose que nous serons adrechié, conforté et consillié de tout ce qu'il nous besongne (FROISS., Chron. D., p.1400, 56).

Il lui besogne que + subj. : Messires Thumas Trivès (...) et li sires de Basset, cascuns sa banière devant lui, vinrent à l'escarmuce, et bien besongnoit à l'avant garde que il fuissent hastéement conforté, car il furent sus le point de perdre tous leurs logeïs. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 23).

Se il besogne. Exprime la nécessité : Et se acumenièrent et confessèrent li pluiseur, et se misent en bon estat, ensi que pour tantost morir, se il besongnoit. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 177). Ensi chevauçoient li Englès (...) Et fisent tant que il vinrent assés priès de le bonne cité de Bourges, où li arcevesques dou dit lieu pour le temps estoit, et doi chevalier envoiiet de par le roy de France, pour entendre à le cité, se il besongnoit. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 3).
 

Froissart Jacqueline Picoche


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